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familières ! Que cette Ville, la libre terre de Kadmos, ne soit jamais soumise au joug de la servitude. Soyez notre soutien. Je vous supplie pour des intérêts qui nous sont communs, car une ville toujours prospère honore les Daimones.


Le Chœur des Vierges


Épouvantée, je crie, en proie à de grandes et terribles afflictions. L’armée se rue hors du camp. L’immense foule des cavaliers abonde et se précipite. La poussière aérienne m’apparaît, muet et véridique messager. Le trépignement des sabots frappant la plaine approche et vole ; il retentit comme l’irrésistible torrent qui roule du haut des montagnes.

Hélas, hélas ! Dieux et Déesses, détournez le malheur qui se rue ! L’armée aux boucliers blancs, avec une clameur qui franchit nos murailles, s’avance en ordre de bataille et se jette impétueusement sur la Ville. Qui donc nous protégera ? Qui nous viendra en aide, des Dieux ou des Déesses ? Devant laquelle des images des Daimones me prosternerai-je ? Ô bienheureux, honorés de siéges splendides, c’est l’instant suprême où nous devons embrasser vos images ! Que tardons-nous, nous qui gémissons si profondément ? Entendez-vous, ou n’entendez-vous pas le bruit strident des boucliers ? Quand donc, si ce n’est maintenant, supplierons-nous avec des voiles et des couronnes ?

Je suis épouvantée de ce bruit. Ce n’est certes pas le son d’une seule lance. Que feras-tu ? Abandonneras-tu cette terre, ô Arès, antique enfant de ce sol ? Ô Dieu, qui resplendis d’un casque d’or, regarde, regarde la Ville