L’autre épopée, les Misérables, fut écrite à une époque plus avancée de sa vie, durant les années de l’exil, années immortelles qui ont produit tant de chefs-d’œuvre, où sa pensée se dirigea plus spécialement vers la destinée faite aux déshérités et aux victimes de la civilisation ; où, du haut du rocher de Guernesey, illustre désormais, il répandit sur le monde, en paroles enflammées, ses protestations indignées, ses appels multipliés au droit, à la justice, à la liberté ; où il stigmatisa, dans le présent et dans l’avenir, tous les attentats, toutes les tyrannies, toutes les iniquités. Un immense succès accueillit ce livre puissant, sorte d’encyclopédie où les questions sociales, la psychologie, l’histoire, la politique, concourent au développement de la fable romanesque et s’y mêlent en l’interrompant par de fréquentes digressions et de formidables évocations. La bataille de Waterloo y revit dans son horreur sublime. Nous assistons à cet écroulement sinistre d’une multitude qui se rue, tourbillonne et se heurte avec une clameur désespérée contre les carrés de la vieille Garde immobile au milieu de la flamme et de l’averse des balles et des boulets. Rien de plus foudroyant de beauté épique. Et que de scènes encore d’une réalité saisissante : une tempête sous un crâne, le couvent de Picpus ! Que de types originaux et vivants : l’évêque Myriel, Valjean, Javert, Gille Normand, Champ-Mathieu et l’immortel Gavroche !
Traduit dans toutes les langues, répandu dans