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Les professeurs de rhétorique enseignent qu’il y a, dans l’histoire intellectuelle de chaque peuple, un temps de plénitude et de repos où l’esprit national goûte une entière satisfaction de soi-même. Toute sa puissance génératrice s’est manifestée en des œuvres qu’il estime parfaites ; il possède l’idéal et ne peut plus que décroître. En France, à ce qu’il semble, cette époque maîtresse, cet âge d’or littéraire embrasse deux siècles, le dix-septième et le dix-huitième.

Ceci est une vérité de foi, une conviction profondément enracinée, aussi inébranlable de nos jours qu’elle était intacte il y a soixante ans. Il est faux que le dogme de la liberté dans l’art ait triomphé, et qu’une réconciliation sincère ait apaisé les haines récentes. L’éclectisme actuel, représenté par la critique, n’est dû qu’à l’indifférence publique et à l’énervement des caractères. En réalité, l’influence de notre renaissance moderne a été nulle sur l’esprit français, et les professeurs de rhétorique disent vrai. Les deux siècles qui viennent de s’écouler