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L’APOLLONIDE.


SCÈNE V


Les Mêmes, LE VIEILLARD. Il entre, une coupe à la main.


PREMIER SACRIFICATEUR. Il offre une couronne de lierre à Iôn.

 
Nourri par Loxias dans la Maison divine
Où toi-même ignorais ta céleste origine,
Il sied qu’entrelaçant ce lierre à tes cheveux,
Tu mêles à nos voix ta louange et tes voeux.
Lève ton front pensif et parle, ô cher jeune homme !
Ce Dieu t’aime, il convient que ta bouche le nomme.


IÔN.

 
Tout mon cœur est empli d’un noir pressentiment.
Je ne sais, mais quelqu’un me hait assurément !
Daimôn, qui protégeas ma vie et mon enfance,
Pardonne, Ô Loxias, le trouble qui t’offense !
Et vous, amis, mêlez, pour Zeus et pour Phoibos,
Le miel Attique au vin parfumé de Naxos,
Et versez à pleins bords leur écume pourprée.