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L’APOLLONIDE.
SCÈNE II
Oui ! Le sang de Gorgô, comme une ardente flamme,
Va dessécher sa veine et lui dévorer l’âme.
Il tombera, tranché dans son fragile orgueil.
Aussi bien sa fortune insultait à mon deuil ;
Et de l’antique sol de mes aïeux, leur race,
Moi morte, eût disparu, sans laisser plus de trace
Qu’un peu de cendre au vent qui la disperse aux cieux.
Qu’il meure donc !
- Un silence.
Mon fils, qui descendait des Dieux,
Est bien mort ! La vengeance est, certes, légitime.
Ô mon enfant, reçois cette jeune victime,
Digne de toi sans doute, innocente qu’elle est ;
Et qu’un Dieu me foudroie ensuite, s’il lui plaît !
- Un silence.
Pourtant, ce meurtre est lâche, et mon cœur en murmure.
Il mettra sur mon nom une longue souillure.