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DEUXIÈME PARTIE.

À mon illustre aïeul. Le sang empoisonné
Du Monstre est contenu dans cet or. Qu’il s’en mêle
Une goutte au vin pur dont la coupe étincelle,
Qu’elle effleure sa lèvre, et l’éclair, dans les cieux,
Est moins prompt que la mort qui fermera ses yeux !


LE VIEILLARD.

Voici l’heure fatale où commence la fête ;
Donne ! Ta volonté, ma fille, sera faite.


KRÉOUSA.

Je remets ma vengeance entre tes mains, vieillard.
N’hésite pas, agis sans peur et sans retard.
Une goutte de sang dans une coupe pleine !
Souviens-toi ! Mais que nul ne te soupçonne !


LE VIEILLARD.

                                                                            Reine,
À moins qu’il en appelle au Dieu qui l’éleva ;
Ou tu seras vengée, ou j’aurai vécu.


KRÉOUSA.

                                                            Va !

Le vieillard sort.