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la mélodie incarnée


GEORGE.

Merci ! mais je tiens infiniment à poursuivre la mienne. Ton tour viendra. Verse à boire, Jacques.

JACQUES.

Les pots sont vides. Maître Frosch ! — (Frosch apporte de la bière.)

CARL.

C’est bien, Maître Frosch ; retirez-vous, et dites à tout venant que nous n’y sommes pas.

JACQUES.

Attends, George ; ma pipe n’est pas allumée.

CARL.

Voici du feu, dépêche-toi ; George grille de raconter son histoire. Parleras-tu d’amour dans ton histoire, George ?

GEORGE.

Dans une vieille ville de Souabe, sous le toit d’une maison enfumée, située au bout d’une rue sombre et peu fréquentée, il y avait un jeune homme qu’on nommait Samuel Klein. C’était un bon enfant de juif, avec de grands cheveux roux