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le songe d’hermann


SIEGEL.

Qui ? quoi ? un voleur, une fée, une sorcière, un ange, le diable ? as-tu vu les ombres lamentables de ceux qui se sont noyés ici marcher sur l’eau, drapés dans leurs linceuls mortuaires ? Imposes-tu une élégie ou un dithyrambe funèbre ? As-tu peur ? es-tu fou ? Moi, j’ai sommeil ; bonsoir.

HERMANN.

C’est elle, c’est Alice !

SIEGEL.

Qu’est-ce que c’est qu’Alice ?

HERMANN.

Ma compagne d’enfance, ma maîtresse, ma femme !

SIEGEL.

Ah ! bah ! mon cher, quand on a le déplorable défaut de parler en rêvant, il faudrait au moins ne pas réveiller aussi brusquement les pauvres diables qui, n’ayant point le pied fourchu de Mephistophélès ont bravement fourni dix lieues éternelles entre le lever et le coucher du soleil. Tu es fou à trente-six carats. Lorsque je verrai ton brave homme de