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le songe d’hermann


ALICE.

Comme mon cœur bat délicieusement ! Jamais musique plus céleste n’a été entendue. Il me semble que ces notes mélodieuses qui vibrent dans mon cœur m’emportent sur leurs ailes vers une époque passée dont le souvenir m’avait quittée.

LE SONGE D’HERMANN.

Alice, comme nous étions heureux ! Nous ne nous séparions point comme les autres enfants, avec un sourire insouciant et une frivole promesse de retour ; oh ! non, une heure d’absence était une peine, un jour passé sans nous revoir était une amère douleur ! Nous nous aimions tant, que nos mères nous disaient mari et femme. Oh ! le bonheur charmant ! Alice, Alice, n’as-tu rien oublié ?

ALICE.

Je ne sais pourquoi cette musique insaisissable qui flotte autour de moi me rappelle mes premiers jeux si doux à la ferme du vieil Hermann. Il avait un fils qui était alors mon plus cher ami ; qu’est-il devenu ?