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le songe d’hermann


SIEGEL.

À la bonne heure ! Mais cette femme est un rêve.

HERMANN.

Non, Siegel. Cette femme est le type humain de la beauté que j’aime dans la nature. Les plus sublimes créations du cœur ont une réalité, sois-en sûr. Je rencontrerai cette femme sur la terre ou dans un autre monde, je ne sais, mais je l’y rencontrerai.

SIEGEL.

Soit ; mais tu la cherches sans la trouver, et tu souffres.

HERMANN.

Je souffre, mais ma douleur m’est sacrée ; je pleure, mais non des larmes de sang, comme les tiennes.

SIEGEL.

Hélas ! elles sont de sang parce qu’elles tombent d’un cœur vide. Je suis désenchanté sans avoir vécu.

HERMANN.

Ne dis pas cela. Tu as en toi une force divine qui te sauvera : la jeunesse !