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une peau de tigre

large et aplati. En face de ce tapis en quelque sorte vivant, une haute porte se dessinait en trèfle.

Bientôt la jeune femme retourna doucement la tête et permit ainsi au lecteur d’apercevoir une noble figure, pleine de charme et de dignité ; des yeux d’un bleu foncé exprimant beaucoup d’attente et un peu d’inquiétude, et de longs cheveux châtains tombant en boucles autour de joues couvertes d’une légère pâleur aristocratique. — L’auteur s’étant assuré de son agrément, a l’honneur de présenter lady Edith Sommerset à toutes celles et à tous ceux qui ont assez de bon goût et de bienveillance pour le lire. — Lady Edith se retourna donc vers le fond de son appartement, comme pour y chercher quelqu’un ; mais personne ne se présenta à ses regards, ce qui parut vivement la contrarier, quoiqu’elle sût à ne pas s’y méprendre que cela n’était que très naturel, puisqu’elle était seule. Alors elle se leva et fut se jeter sur le divan, en s’écriant tout haut : — Henry ! Henry ! que vous êtes cruel !

Un long quart d’heure se passa, et comme celui dont elle se plaignait ne venait pas se disculper, elle étendit vivement la main vers le cordonnet de soie blanche qui tombait à son côté, et l’agita avec impatience. Un esclave entr’ouvrit la grande porte en trèfle et dit :

— Madame ?