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la princesse yaso'da

vierge royale et nous serons heureux. — Si je suis vaincu, vous périrez tous deux. — Telle est la loi.

Le jeune guerrier dit alors : — Je le veux !

Le Jama le prit sur ses ailes, et tous deux disparurent dans les nues.


Or, la belle Yaso’da gémissait dans la caverne de glace du démon Hyayagriva.

Cette caverne était transparente au dedans mais opaque au dehors, de sorte que la vierge royale voyait, le matin et le soir, le grand corps de Brahma aux mille formes, aux mille couleurs, les montagnes, les vallées et le large océan, resplendir autour d’elle.

Mais elle était prisonnière dans la caverne et les routes de la vie s’étaient refermées devant ses pas.

La belle Yaso’da était comme la perruche blanche prise dans un réseau. Ses larmes ruisselaient sur ses belles joues. Elles inondaient son jeune sein. Ses gémissements s’exhalaient et mouraient étouffés par les parois glacées de la caverne.

La rose du Lasti-D’jumbo se fanait, dérobée aux regards de Sourya aux sept chevaux verts, son aïeul. — La perle du