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la princesse yaso'da

comme des charbons ardents. — Qu’ils devinrent rouges, ses yeux !

Il fit un bond en arrière. — Sa lèvre saignante se retroussa et ses dents blanches brillèrent. — Puis il poussa un second cri et se précipita au dehors, vers la montagne Jougando couronnée de neiges.

Tout un jour il courut ainsi. — Vers le soir, haletant, épuisé, il se laissa choir sur la mousse et cria trois fois : — Atouli-Jama !

Le beau génie, ami des hommes, apparut aussitôt dans le ciel et descendit auprès du jeune guerrier.

— Atouli-Jama, dit ce dernier, un démon Nat, — qu’il soit maudit ! — a enlevé la perle du monde, Yaso’da : quel est son nom ? où est située sa caverne ?

— C’est le démon Hyayagriva, qui vole là-bas sur les neiges éternelles. Il retient la belle Yaso’da dans sa caverne de glace.

— Enlève-moi sur tes ailes, beau génie ! Porte-moi au repaire du démon ravisseur, que je le punisse, et délivre la rose du Lasti-D’jumbo.

— Qu’as-tu dit, insensé ! Tu ne peux combattre un génie. Écoute plutôt : les Nats sont maudits ; les Jamas sont chers à Brahma. — Tu es brave et généreux ; je t’aime. — Je combattrai le démon Nat. — Si je triomphe, tu recouvreras la