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la princesse yaso'da

volonté, car il lui était impossiblede l’entraîner contre son gré.

– Il déploya donc ses dix ailes au vent, et descendit dans la vallée en formant de grands cercles dans l’air.

Pendant que Yaso’da courait un tel danger, que faisaient le pieux roi et le jeune guerrier ? Le pieux roi se frottait les dents avec une branche de figuier, et le jeune guerrier chassait le tigre dans les gorges du Zetchiavata.

Le démon Nat, le grand Hyayagriva descendait toujours en spirale, réfléchissant aux moyens de ne pas effrayer la rose du Lasti-D’jumbo, car les génies Nats ne peuvent changer de forme, et ils sont très effrayants au premier aspect. Quand il se trouva à une centaine de pieds de la vallée, Hyayagriva fut obligé de remonter en l’air, car il n’avait pas encore trouvé le moyen qu’il cherchait.

La princesse Yaso’da et ses compagnes entendirent en ce moment le bruit que faisaient au-dessus de leurs têtes les dix ailes du démon, et, levant les yeux, elles le virent. Leur épouvante fut grande, car il était fort laid.

Son corps, sa tête et ses membres avaient des proportions énormes. — Son corps était comme une pagode, — sa tête était comme un dôme rouge, — ses membres étaient comme des troncs noueux.

Les vierges poussèrent un même cri et voulurent s’enfuir ;