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la princesse yaso'da


Alors, il toucha avec des mains humides ses pieds, sa tête, sa poitrine, ses yeux, ses oreilles, ses épaules et son nez. Ainsi le veut la loi. Il éternua, versa des larmes, et secoua huit fois ses mains pleines d’eau vers les huit points du monde.

En ce moment, une voix grêle sortit de la rivière Critamala et lui dit : — Ô roi Satyavrata, fils de Sourya aux sept chevaux verts, qui protèges les opprimés. retire-moi de cette rivière où les monstres voraces me dévoreraient.

Le roi, saisi de compassion, répondit : — Par la sainteté des Védas, je le veux.

— Baisse-toi, dit la voix, et remplis d’eau te creux de ta main.

Ainsi fit Satyavrata, qui aperçut un petit poisson dans l’eau qu’il avait recueillie. Il le déposa dans une coupe pleine et l’emporta dans son palais. Mais, dans la nuit, le petit poisson avait grossi de telle sorte que la coupe ne pouvait plus le contenir. Satyavrata le renferma successivement dans une citerne, dans un étang, dans un lac de cent lieues d’étendue, et enfin dans l’immensité de l’océan.

À peine cela fut-il arrivé qu’un bruit terrible éclata sur les eaux, et que le démon Hyayagriva, déployant ses dix ailes noires et rouges, s’éleva en spirale dans le ciel, insultant de rires moqueurs le saint roi qui l’avait délivré.

Le démon Hyayagriva avait autrefois profité du sommeil