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XVII
préface

Cette Vierge, que le musicien de la Mélodie incarnée aperçut au moment où son violon se brisait, elle surgit une seconde fois, presque de la même manière, au milieu de cet autre conte : Le Songe d’Hermann.

Celui qui, momentanément, représente le poète lui-même, la dépeint par ces mots :

— « … Cette femme est le type humain de la Beauté que j’aime dans la Nature. Les plus sublimes créations du cœur ont une réalité, sois-en sûr. Je rencontrerai cette femme sur la terre ou dans un autre monde, je ne sais, mais je la rencontrerai.

Et, voilà que, docile à celui qui l’appelle, la Vierge se révèle. Il suffit pour cela qu’Hermann ferme les yeux sur les réalités extérieures et que, dans le rêve, il évoque les souvenirs de sa jeunesse. Lorsqu’il relève ses paupières, la vision s’est évanouie avec l’aurore. Le poète ne cherche point à la préciser, il ne conte à personne quelle douceur il a goûtée, dans le songe, avec elle, quelles paroles éternelles l’intangible fiancée lui a dites. Non, pas plus en prose qu’en vers, pas plus à cette minute de jeunesse que plus tard sous sa couronne de cheveux blancs il ne trahira le secret de son âme.

Elles sont bien de l’homme qui, dans la force de la vie, écrira le sonnet des Montreurs, ces lignes qui, malgré lui, nous font apercevoir, déchiré par les épines de la route, un cœur tout palpitant

« Notre pauvre monde ressemble aux parades de la foire, chacun à son heure, en son lieu, monte sur les tréteaux du paillasse. Or, le paillasse qui pleure est hué. Le monde antique était plus indulgent, il accordait un masque à l’histrion. Libre à lui de pleurer dessous, mais de notre temps on cloue le rire aux lèvres. »



La nouvelle intitulée Marcie a été empruntée par Leconte de Lisle à un fond de chroniques bourbonniennes qui content