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dianora

çons. Cependant, à défaut de preuves, les meurtriers ne furent point inquiétés.

Bonaccorso laissait un frère plus jeune de quelques années, alors au service de la seigneurie de Venise. On le nommait Lorenzo de Cenami. Puccinelli le connaissait, mais Dianora ne l’avait jamais vu. Ce qui devait arriver arriva. Lorenzo apprit le malheur qui frappait sa famille, en même temps que les soupçons qui planaient sur sa belle-sœur, dont la liaison avec Puccinelli était connue. Le jeune cavalier quitta Venise et vint à Lucques. Ne voulant point frapper des innocents, il fit des perquisitions nombreuses qui ne l’éclairèrent point sur le destin de son frère. Il se préparait à retourner à Venise, lorsqu’il reçut on ne sait d’où ni de qui le billet suivant

« Je meurs assassiné par Puccinelli et Dianora. Tue l’homme, épargne la femme. Elle est indigne de mourir de ta main.

« Ton frère, Bonaccorso. »

Lorenzo attendit la nuit, prit son épée, et alla se promener sur cette même place Saint-Martin où avait eu lieu le premier combat des deux rivaux. Puccinelli avait l’habitude d’y passer tous tes soirs, se rendant chez Dianora. À l’heure accoutumée, il parut à l’angle de la place, qui était déserte comme toujours vers le soir. Lorenzo alla à sa rencontre et lui dit :