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dianora

hôtes du château y prirent part, ainsi que Dianora. On battit les bois de grand matin, et le cerf ayant été lancé, les cavaliers et les dames coururent à cheval durant tout le jour, de sorte qu’à l’approche de la nuit, Dianora se trouva fortuitement, ou plutôt selon son secret désir, séparée de son mari et du gros de la compagnie. Elle rentra donc seule au château, et s’enferma dans son appartement qui donnait sur le torrent, se disant fort malade devant ses serviteurs. Quelques minutes après, un homme sortit de l’ombre des rochers du Serchio ; une échelle de corde lui fut jetée par Dianora, et il disparut bientôt dans l’intérieur de la tour. C’était Pierre de Puccinelli.

Nous ne savons si la chaleur de leurs sentiments fit qu’ils ne s’aperçurent pas de la fuite du temps, mais toujours est-il que Dianora fut prise d’une grande frayeur en entendant tout à coup le bruit de la cavalcade qui revenait au château, et bientôt après la propre voix de Bonaccorso frappant à la porte et demandant à entrer. Le premier mouvement de Puccinelli fut de se précipiter vers la fenêtre ; mais Dianora, qui probablement voulait en finir, le poussa derrière son prie-Dieu et ouvrit. Bonaccorso entra.

Il jeta un regard involontairement inquisiteur autour de la chambre. Se laissant tomber sur un siège, il dit avec indifférence :