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dianora

est une des plus anciennes de Lucques et l’honneur de mon nom est sans tache.

— Je n’ai garde d’en douter, seigneur cavalier. Apprenez-moi donc en quoi je puis vous servir.

— Madame, reprit Puccinelli d’une voix tremblante, vous me voyez consumé du plus violent amour pour la signora Dianora, votre belle et vertueuse nièce. Je vous conjure à genoux de m’accorder sa main, si toutefois elle y consent.

Après avoir parlé de la sorte, il baissa les yeux avec confusion, se repentant déjà de sa témérité.

— Seigneur Pierre de Puccinelli, dit Mme Catherine d’une voix sévère, ma nièce n’est point en âge de se marier, et le fût-elle, j’ai décidé qu’elle ne s’unirait qu’à un seul gentilhomme de cette ville, lequel n’est point vous. Ma nièce vous rend grâces de votre offre honorable, mais elle ne peut l’accepter.

Ce disant, Mme Catherine se leva et fit une révérence solennelle à Puccinelli, qui comprit ce signal de sa retraite, et sortit le cœur dévoré de colère et de jalousie. Mais, au moment où il fermait la grande porte de la salle, une main légère s’appuya sur son bras, et une douce voix lui dit tout bas :

— Ayez bon courage, Pierre. Je vous aime et je jure par mon salut éternel que je n’appartiendrai qu’à vous.