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sacatove

— C’est bien, murmura-t-elle froidement ; je tiendrai ma parole et j’aurai ta grâce.

Sacatove sourit tristement et sortit. À peine avait-il franchi l’étroit sentier qui séparait les deux portes de la caverne, que les jambes nues d’un noir parurent à l’ouverture de celle-ci et furent suivies du corps tout entier.

— Commandeur, cria-t-il aussitôt avec terreur, les blancs ! les blancs !

Alors, de tous les coins sombres de la caverne sortit, comme par enchantement, une centaine de noirs, qui s’armèrent à la hâte.

— T’ont-ils vu ? demanda Sacatove au nouveau venu.

— Non, non, commandeur ; mais ils viennent par ici.

— Alors, silence ! ils ne trouveront rien.

On entendit en effet bientôt des pas nombreux au-dessus de la caverne, accompagnés de jurements et de malédictions ; puis, le bruit décrut et mourut entièrement.

— Pauvres blancs ! dit Sacatove avec un mépris inexprimable. Les noirs poussèrent de grands éclats de rire à cette exclamation de leur chef.

— Demain, continua celui-ci, demain soir, entendez-vous, mademoiselle Maria, ma maîtresse, avec ses meubles et ses habits, sera de retour à son habitation.