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le prince ménalcas

que j’aime bien ; mais je ne veux pas quitter ma mère, la ferme où je suis née, mes belles vaches, mon jardin et mes fromages ! Oh ! non madame Ménalcas, à la bonne heure. Pourtant, s’il ne voulait pas être fermier, il faudrait bien devenir princesse ! J’aurais tant de peine à ne plus le voir ! (Elle sort en se promenant sous les arbres.)

(Entrent Muller et Scientificus.)


LE CHAMBELLAN MULLER.

Eh bien que dites-vous de ce beau projet, docteur ? N’est-ce pas une aliénation mentale des mieux conditionnées ?

LE DOCTEUR SCIENTIFICUS.

Votre observation, chambellan, ne manque pas d’une certaine vérité ; pourtant, il serait bon que Son Altesse, interrogée par moi au sujet de la susdite aliénation mentale, prétendît mordicus qu’elle n’est pas folle ; ce qui est, comme vous le savez sans doute, le signe le plus caractéristique de la folie.

LE CHAMBELLAN MULLER.

Mais où donc est allée si précipitamment Son Altesse ? Ne le sauriez-vous point, Scientificus ?