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le prince ménalcas

vaut mieux que la mienne, puisque je m’ennuie. J’ai parfois une envie folle de jeter aux orties mon habit feuille-morte et ma veste gorge de pigeon, pour revêtir une fois dans ma vie un costume qui me plaise, et aller pétrir des fromages à la crème aux côtés de Wilhelmine.


IV


(Entre Wilhelmine. Costume de jeune paysanne allemande aisée. Elle tient à la main un panier rempli de fromages. — Seize ans. Physionomie vive, intelligente et naïve.)

WILHELMINE.

Bonjour, monseigneur. Quel beau temps ! n’est-ce pas ? Je suis toute joyeuse ce matin : je suis certaine qu’il va m’arriver quelque chose d’heureux aujourd’hui. Adieu, monseigneur ; il est tard, le temps presse ; j’ai voulu vous voir seulement en passant.

LE PRINCE MÉNALCAS.

Chère Wilhelmine ! comme vous voilà belle ! restez encore quelques minutes, je vous prie. Savez-vous bien que je vous aime à la folie ? Si je ne devais plus vous revoir, j’en tomberais