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POÈMES TRAGIQUES.

        

Où l’enfant glacé meurt aux bras des pâles mères,
    Où, près de son foyer sans pain,
Le père, plein d’horreur et de larmes amères,
    Étreint une arme dans sa main.


II


Ville auguste, cerveau du monde, orgueil de l’homme,
        Ruche immortelle des esprits,
Phare allumé dans l’ombre où sont Athène et Rome,
        Astre des nations, Paris !

Ô nef inébranlable aux flots comme aux rafales,
        Qui, sous le ciel noir ou clément,
Joyeuse, et déployant tes voiles triomphales,
        Voguais victorieusement !

La foudre dans les yeux et brandissant la pique,
        Guerrière au visage irrité,
Qui fis jaillir des plis de ta toge civique
        La victoire et la liberté !

Toi qui courais, pieds nus, irrésistible, agile,
        Par le vieux monde rajeuni !
Qui, secouant les rois sur leur tréteau fragile,
        Chantais, ivre de l’infini !