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HÉLÈNE.

Les fils de Dardanos, fils de Zeus, de leurs mains
L’ont bâtie au milieu de la plaine féconde
Que deux fleuves divins arrosent de leur onde.
Mais Ilos engendra le grand Laomédon ;
Lui, Priamos mon père ; et Pâris est mon nom.


HÉLÈNE.


Sur le large océan à l’humide poussière,
N’as-tu point rencontré de trirème guerrière
Qui se hâte et revienne aux rivages d’Hellas ?
Tes yeux n’ont-ils point vu le divin Ménélas ?


PÂRIS.


Un songe éblouissant occupait ma pensée,
Reine, et toute autre image en était effacée.


HÉLÈNE.


Pardonne ! Vers la Krète assise au sein des eaux,
Affrontant Poséidon couronné de roseaux,
Mon époux, à la voix du sage Idoménée,
A soudain délaissé la couche d’hyménée
Et ce sombre palais où languissent mes jours ;
Et les jalouses mers le retiennent toujours.


PÂRIS.


Des bords où le Xanthos roule à la mer profonde
Les tourbillons d’argent qui blanchissent son onde,
Soumis aux Immortels, sur les flots mugissants,
Je suis venu vers toi, femme aux nobles accents.