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POÈMES ANTIQUES.

Ô jeune Klytios, ô pasteur inhumain,
Que Pan aux pieds de chèvre éleva de sa main,
Quand sous les bois touffus où l’abeille butine
Il enseigna Syrinx à ta lèvre enfantine,
Et, du flot cadencé de tes belles chansons,
Fit hésiter la Vierge au détour des buissons !
Ô Klytios ! sitôt qu’au golfe bleu d’Himère
Je te vis sur le sable où blanchit l’onde amère,
Sitôt qu’avec amour l’abîme murmurant
Eut caressé ton corps d’un baiser transparent,
Éros ! Éros perça d’une flèche imprévue
Mon cœur que sous les flots je cachais à sa vue.
Ô pasteur, je t’attends ! Mes cheveux azurés
D’algues et de corail pour toi se sont parés ;
Et déjà, pour bercer notre doux hyménée,
L’Euros fait palpiter la mer où je suis née.


II


Salut, vallons aimés, dans la brume tremblants !
Quand la chèvre indocile et les béliers blancs
Par vos détours connus, sous vos ombres si douces,
Dès l’aube sur mes pas paissent les vertes mousses ;
Que la terre s’éveille et rit, et que les flots
Prolongent dans les bois d’harmonieux sanglots ;