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POÈMES ANTIQUES.

Tout à coup, des sommets du ciel plein de lumière,
La foudre inattendue éclate sur la pierre ;
L’airain du pilier fond en ruisseaux embrasés.
Çunacépa bondit ; ses liens sont brisés,
Il est libre ! À travers la foule épouvantée,
Il fuit comme la flèche à son but emportée.
Aussitôt le soleil rayonne, et sur le flanc
Un étalon fougueux, dont tout le poil est blanc,
Tombe, les pieds liés, hennit, et le brahmane
Offre son sang au Dieu de qui la foudre émane.


VII


Ô rayon de soleil égaré dans nos nuits,
Ô bonheur ! Le moment est rapide où tu luis,
Et quand l’illusion qui t’a créé t’entraîne,
Un plus amer souci consume l’âme humaine ;
Mais quels pleurs répandus, quel mal immérité,
Peuvent jamais payer ta brève volupté !

L’air sonore était frais et plein d’odeurs divines.
Les bengalis au bec de pourpre, aux ailes fines,
Et les verts colibris et les perroquets bleus,
Et l’oiseau diamant, flèche au vol merveilleux,
Dans les buissons dorés, sur les figuiers superbes,
Passaient, sifflaient, chantaient. Au sein des grandes herbes