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POÈMES ANTIQUES.

Dès qu’au pilier fatal, sous des liens d’écorce,
Les sacrificateurs auront dompté ta force,
Récite par sept fois l’hymne sacré d’indra.
Aussitôt dans la nue un bruit éclatera
Terrible, et tes liens se briseront d’eux-mêmes ;
Et les hommes fuiront, épouvantés et blêmes ;
Et le sang d’un cheval calmera les Dêvas ;
Et si tu veux souffrir encore, tu vivras !
Adieu. Je vais rentrer dans l’éternel silence,
Comme une goutte d’eau dans l’Océan immense. —


VI


Le siège est d’or massif, et d’or le pavillon
Du vieux Maharadjah. L’image d’un lion
Flotte, en flamme, dans l’air, et domine la fête.
Dix colonnes d’argent portent le large faîte
Du trône où des festons brodés de diamants
Pendent aux angles droits en clairs rayonnements.
Sur les degrés de nacre où la perle étincelle
La pourpre en plis soyeux se déploie et ruisselle ;
Et mille Kchatryas, grands, belliqueux, armés,
Tiennent du pavillon tous les abords fermés.
En face, fait de pierre et de forme cubique,
L’autel est préparé selon le rite antique,
Surmonté d’un pilier d’airain et d’un bœuf blanc
Aux quatre cornes d’or. D’un accent grave et lent