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Valmiki, le poète immortel, est très vieux.

Toute chose éphémère a passé dans ses yeux
Plus prompte que le bond léger de l’antilope.
Il a cent ans. L’ennui de vivre l’enveloppe.
Comme l’aigle, altéré d’un immuable azur,
S’agite et bat de l’aile au bord du nid obscur,
L’Esprit, impatient des entraves humaines,
Veut s’enfuir au delà des apparences vaines.
C’est pourquoi le Chanteur des antiques héros
Médite le silence et songe au long repos,
À l’ineffable paix où s’anéantit l’âme,
Au terme du désir, du regret et du blâme,
Au sublime sommeil sans rêve et sans moment,
Sur qui l’Oubli divin plane éternellement.

Le temps coule, la vie est pleine, l’œuvre est faite.

Il a gravi le sombre Himavat jusqu’au faîte.
Ses pieds nus ont rougi l’âpre sentier des monts,