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LES ÉTOILES MORTELLES.


Et de riches lueurs, comme des bandelettes,
          Palpitaient sur le brouillard bleu,
Et le souffle du soir berçait leurs bouts en feu
          Dans l’arbre aux masses violettes.

Puis, en un vol muet, sous les bois recueillis,
          Insensiblement la nuit douce
Enveloppa, vêtus de leur gaine de mousse,
          Les chênes au fond des taillis.

Hormis cette rumeur confuse et familière
          Qui monte de l’herbe et de l’eau,
Tout s’endormit, le vent, le feuillage, l’oiseau,
          Le ciel, le vallon, la clairière.

Dans le calme des bois, comme un collier divin
          Qui se rompt, les étoiles blanches,
Du faîte de l’azur, entre les lourdes branches,
          Glissaient, fluides et sans fin.

Un étang solitaire, en sa nappe profonde
          Et noire, amoncelait sans bruit
Ce trésor ruisselant des perles de la nuit
          Qui se posaient, claires, sous l’onde.

Mais un souffle furtif, troublant ces feux épars
          Dans leur ondulation lente,
Fit pétiller comme une averse étincelante
          Autour des sombres nénuphars.