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HYPATIE ET CYRILLE.

Triompher sur l’autel de la sainte Beauté ;
Dans l’austère repos des foyers domestiques
Les grands législateurs régler les Républiques,
Et les sages, du Vrai frayant l’âpre chemin,
De sa propre grandeur saisir l’Esprit humain !
Tu peux nier nos Dieux ou leur jeter l’outrage,
Mais de leur livre écrit déchirer cette page,
Coucher notre soleil parmi les astres morts...
Va ! la tâche est sans terme et rit de tes efforts !
Non ! ô Dieux protecteurs, ô Dieux d’Hellas ma mère,
Que sur le Pavé d’or chanta le vieil Homère,
Vous qui vivez toujours, mais qui vous êtes tus,
Je ne vous maudis pas, ô Forces et Vertus,
Qui suffisiez jadis aux races magnanimes,
Et je vous reconnais à vos œuvres sublimes !



CYRILLE.


C’est bien ! Reconnais-les aux fruits qu’ils ont portés,
Ces Démons de l’Enfer sous d’autres noms chantés,
Qui, d’un poison secret infectant l’âme entière,
Ont voulu l’étouffer dans l’immonde matière,
Et sous la robe d’or d’une vaine beauté
Ont caché le néant de l’impudicité.
Quand les peuples nourris en de telles doctrines,
Comme des troncs séchés jusque dans leurs racines,
Florissants au dehors, mais la mort dans le cœur,
Tombent en cendre avant le coup du fer vengeur ;
Quand Rome, succédant à la Grèce asservie,