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POÈMES ANTIQUES.

Que tu me répondrais avec sincérité.
Par un siècle d’orage et par des temps funestes
Où le ciel ne rend plus ses signes manifestes,
J’ai vécu, j’ai blanchi sous mon fardeau sacré ;
Heureux si, près d’atteindre au terme désiré,
Je versais dans ton sein la lumière et la vie !
Ma fille, éveille-toi, le Seigneur te convie.
Tes Dieux sont morts, leur culte impur est rejeté :
Confesse enfin l’unique et sainte vérité.



HYPATIE.


Mon père a bien jugé du respect qui m’anime,
Et je révère en lui sa fonction sublime ;
Mais c’est me témoigner un intérêt trop grand,
Et ce discours me touche autant qu’il me surprend.
Par le seul souvenir des divines idées
Vers l’unique idéal les âmes sont guidées :
Je n’ai point oublié Timée et le Phédon ;
Jean n’a-t-il point parlé comme autrefois Platon ?
Les mots diffèrent peu, le sens est bien le même.
Nous confessons tous deux l’espérance suprême,
Et le Dieu de Cyrille, en mon cœur respecté,
Comme l’Abeille Attique, a dit la vérité.



CYRILLE.


Confondre de tels noms est blasphème ou démence :
Mais tant d’aveuglement est digne de clémence.
Non ! le Dieu que j’adore et qui d’un sang divin
De l’antique Péché lava le genre humain,