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CHANT ALTERNÉ.



I.


Sur mon front plein d’ivresse éclate un divin rire,
Un trouble rayonnant s’épanche de mes yeux ;
Ton miel, ô volupté, sur mes lèvres respire,
Et ta flamme a doré mon corps harmonieux.



II.


La tristesse pieuse où s’écoule ma vie
Est comme une ombre douce aux cœurs déjà blessés ;
Quand vers l’Époux divin vole l’âme ravie,
J’allège pour le ciel le poids des jours passés.



I.


Jamais le papyrus n’a noué ma tunique :
Mon sein libre jaillit, blanc trésor de Paros !
Et je chante Kypris sur le mode Ionique,
Foulant d’un pied d’ivoire hyacinthe et lotos.



II.


Heureux qui se réchauffe à mon pieux délire,
Heureux qui s’agenouille à mon autel sacré !
Les cieux sont comme un livre où tout homme peut lire,
Pourvu qu’il ait aimé, pourvu qu’il ait pleuré.