Page:Leconte de Lisle - Œuvres, Poèmes antiques.djvu/278

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
268
POÈMES ANTIQUES.


Les taillis sont muets ; le daim, par les clairières,
          Devant les meutes aux abois
Ne bondit plus ; Diane, assise au fond des bois,
          Polit ses flèches meurtrières.

Dors en paix, belle enfant aux rires ingénus,
          Aux Nymphes agrestes pareille !
De ta bouche au miel pur j’écarterai l’abeille,
          Je garantirai tes pieds nus.

Laisse sur ton épaule et ses formes divines,
          Comme un or fluide et léger,
Sous mon souffle amoureux courir et voltiger
          L’épaisseur de tes tresses fines !

Sans troubler ton repos, sur ton front transparent,
          Libre des souples bandelettes,
J’unirai l’hyacinthe aux pâles violettes,
          Et la rose au myrte odorant.

Belle comme Érycine aux jardins de Sicile,
          Et plus chère à mon cœur jaloux,
Repose ! Et j’emplirai du souffle le plus doux
          La flûte à mes lèvres docile.

Je charmerai les bois, ô blanche Phidylé,
          De ta louange familière ;
Et les Nymphes, au seuil de leurs grottes de lierre,
          En pâliront, le cœur troublé.