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LES ÉOLIDES.


Vous leur chantiez tout bas en un songe charmant
Les hymnes de Vénus, la volupté divine,
Et tendiez leur oreille aux plaintes de l’amant
Qui pleure au seuil nocturne et que le coeur devine.

          Oh ! combien vous avez baisé
          De bras, d’épaules adorées,
          Au bord des fontaines sacrées,
          Sur la colline au flanc boisé !

Dans les vallons d’Hellas, dans les champs Italiques,
Dans les Îles d’azur que baigne un flot vermeil,
Ouvrez-vous toujours l’aile, Éolides antiques ?
Souriez-vous toujours au pays du Soleil ?

          Ô vous que le thym et l’égile
          Ont parfumés, secrets liens
          Des douces flûtes de Virgile
          Et des roseaux Siciliens,

Vous qui flottiez jadis aux lèvres du génie,
Brises des mois divins, visitez-nous encor !
Versez-nous en passant, avec vos urnes d’or,
Le repos et l’amour, la grâce et l’harmonie !