Page:Leconte de Lisle - Œuvres, Poèmes antiques.djvu/274

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
264
POÈMES ANTIQUES.


Zéphyros, Iapyx, Euros au vol si frais,
Rires des Immortels dont s’embellit la Terre,
C’est vous qui fites don au pasteur solitaire
Des loisirs souhaités à l’ombre des forêts.

          Au temps où l’abeille murmure
          Et vole à la coupe des lys,
          Le Mantouan, sous la ramure,
          Vous a parlé d’Amaryllis.

Vous avez écouté, dans les feuilles blotties,
Les beaux adolescents de myrtes couronnés,
Enchaînant avec art les molles reparties,
Ouvrir en rougissant les combats alternés,

          Tandis que drapés dans la toge,
          Debout à l’ombre du hallier,
          Les vieillards décernaient l’éloge,
          La coupe ornée ou le bélier.

Vous agitiez le saule où sourit Galatée,
Et, des Nymphes baisant les yeux chargés de pleurs,
Vous berçâtes Daphnis, en leur grotte écartée,
Sur le linceul agreste, étincelant de fleurs.

          Quand les vierges au corps d’albâtre,
          Qu’aimaient les Dieux et les humains,
          Portaient des colombes aux mains,
          Et d’amour sentaient leurs coeurs battre,