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LES ÉOLIDES.


Quand les cygnes sacrés y nageaient beaux et blancs,
Et qu’un Dieu palpitait sur les fleurs de la rive,
Vous gonfliez d’amour la neige de ses flancs
Sous le regard charmé de l’Épouse pensive.

          L’air où murmure votre essor
          S’emplit d’arome et d’harmonie :
          Revenez-vous de l’Ionie,
          Ou du vert Hymette au miel d’or ?

Éolides, salut ! Ô fraîches messagères,
C’est bien vous qui chantiez sur le berceau des Dieux ;
Et le clair Ilissos d’un flot mélodieux
A baigné le duvet de vos ailes légères.

          Quand Theugénis au col de lait
          Dansait le soir auprès de l’onde,
          Vous avez sur sa tête blonde
          Semé les roses de Milet.

Nymphes aux pieds ailés, loin du fleuve d’Homère,
Plus tard prenant la route où l’Alphée aux flots bleus
Suit Aréthuse au sein de l’étendue amère,
Dans l’Ile nourricière aux épis onduleux,

          Sous le platane où l’on s’abrite
          Des flèches vermeilles du jour,
          Vous avez soupiré d’amour
          Sur les lèvres de Théocrite.