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LES BUCOLIASTES.


I


Tout est beau, tout est bien, si Theugénis que j’aime
Foule de son pied nu l’herbe molle des bois !
Vers midi, l’eau courante est plus fraîche où je bois,
Et mes vases sont pleins d’une meilleure crème.
Absente, tout est mal, tout languit à la fois !


II


Dieux heureux ! Que le lait abonde en mes éclisses !
Et quand le chaud soleil dans l’herbe a rayonné,
Du creux de ce rocher d’un lierre couronné,
Que j’entende mugir mes bœufs et mes génisses :
Tout est beau, tout est bien, il est doux d’être né !


I


Si l’hiver est un mal pour l’arbre qu’il émonde,
Pour les cours d’eau taris la flamme de l’été,
Il souffre aussi, celui qu’une vierge a dompté,
Du mal que fait Éros, le plus amer du monde,
Et d’une soif rebelle à tes flots, ô Léthé !