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POÈMES ANTIQUES.

L’Hémos déraciné sur l’Ossa s’est dressé,
Puis tous deux sur Athos, qui rugit, crevassé,
Quand le noir Péliôn sur tous trois s’amoncelle !
L’échelle monstrueuse en sa hauteur chancelle ;
Mais, franchissant d’un bond ses immenses degrés,
Les Géants vont heurter les palais éthérés.
Tout tremble ! En vain la foudre au bras de Zeus s’embrase ;
Sous leurs blocs meurtriers dont la lourdeur écrase,
Les enfants d’Ouranos vont briser de leurs mains
L’O]ympe éblouissant vénéré des humains.
Des Dieux inférieurs la foule vagabonde
Par les sentiers du ciel fuit aux confins du monde ;
Et peut-être en ce jour, dispersant leurs autels,
L’Erèbe dans son sein eût pris les Immortels,
Si, changeant d’un seul coup la défaite mobile,
Athènè n’eût percé Pallas d’un trait habile.

Alors, du Péliôn soudain précipité,
Encelade recule, et, d’un front indompté,
Il brave encor des Dieux la colère implacable ;
Mais le fumant Aitna de tout son poids l’accable :
Il tombe enseveli. Vainement foudroyé,
Diophore a saisi Pallas pétrifié ;
A la fille de Zeus, de son bras athlétique,
Il le lance, et le corps du Géant granitique
Retombe en tournoyant et brise son front dur
Comme le pied distrait écrase le fruit mûr.
Polybote éperdu fuit dans la mer profonde,
Et ses reins monstrueux dominent au loin l’onde,