Page:Leconte de Lisle - Œuvres, Poèmes antiques.djvu/179

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
169
ODES ANACRÉONTIQUES.

Surtout, Rhodien, que son oeil soit bleu
Comme l’onde amère et profond comme elle,
Qu’il charme à la fois et qu’il étincelle,
Plein de volupté, de grâce et de feu !
Fais sa joue en fleur et sa bouche rose,
Et que le Désir y vole et s’y pose !
Pour mieux soutenir le carquois d’Éros,
Que le cou soit ferme et l’épaule ronde !
Qu’une pourpre fine, agrafée au dos,
Flottante, et parfois entr’ouverte, inonde
Son beau corps plus blanc que le pur Paros !
Et sur ses pieds nus aux lignes si belles,
Adroit Rhodien, entrelace encor
Les nœuds assouplis du cothurne d’or,
Comme tu ferais pour les Immortelles !


VII


L’ABEILLE.


Sur le vert Hymette, Éros, un matin,
Dérobait du miel à la ruche attique,
Mais, voyant le Dieu faire son butin,
Une prompte abeille accourt et le pique.
L’enfant tout en pleurs, le Dieu maladroit,
S’enfuit aussitôt, souffle sur son doigt,
Et jusqu’à Kypris vole à tire d’aile,
Oubliant son arc, rouge et courroucé :