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POÈMES ANTIQUES.


Riant, il regardait dans la claire fontaine…
Soudain, par son cou blanc deux bras l’ont attiré ;
Il tombe, et murmurant une plainte incertaine,
          Plonge sous le flot azuré.

Là, sur le sable d’or et la perle argentée
Molis et Nikhéa le couchent mollement,
Mêlant à des baisers sur leur lèvre agitée
          Le doux nom de leur jeune amant.

Il s’éveille, il sourit, et tout surpris encore,
De la grotte nacrée admirant le contour,
Sur les fluides Sœurs que la grâce décore,
          Son œil s’arrête avec amour.

Adieu le toit natal et la verte prairie
Où, paissant les grands bœufs, jeune et déjà pasteur,
Pieux, il suspendait la couronne fleurie
          À l’autel du Dieu protecteur !

Adieu sa mère en pleurs dont œil le suit sur l’onde,
Et de qui le Destin à son sort est lié,
Adieu le grand Hèraklès et Kolkhos et le monde !…
          Il aime et tout est oublié !