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POÈMES ANTIQUES.


L’eau faisait ruisseler sur leurs blanches épaules
Le trésor abondant de leurs cheveux dorés,
Comme au déclin du jour, le feuillage des saules
          S’épanche en rameaux éplorés.

Parfois, dans les roseaux, jeunes enchanteresses,
Sous l’avide regard des amoureux Sylvains,
De nacre et de corail, enchâssés dans leurs tresses,
          Elles ornaient leurs fronts divins.

Tantôt, se défiant, et d’un essor rapide
Troublant le flot marbré d’une écume d’argent,
Elles ridaient l’azur de leur palais limpide
          De leur corps souple et diligent.

Sous l’onde étincelante on sentait leur cœur battre,
De leurs yeux jaillissait une humide clarté,
Le plaisir rougissait leur jeune sein d’albâtre
          Et caressait leur nudité.

Mais, voici, sous les feux pourprés du crépuscule,
Beau comme Endymion, l’urne d’argile en main,
Qu’Hylas aux blonds cheveux, cher compagnon d’Hercule,
          Paraît au détour du chemin.

Nikhéa l’aperçoit : — Ô ma sœur, vois, dit-elle,
De son urne chargé, ce bel adolescent ;
N’est-ce point, revêtu d’une grâce immortelle,
          De l’Olympe un Dieu qui descend ?