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POÈMES ANTIQUES.

Et quand Apollôn passe en dardant ses éclairs,
Tu livres ton beau corps aux baisers des flots clairs.

Malheur à qui t’a vue aux sources d’Érymanthe !
En vain il suppliera son immortelle amante :
Ô vierge inexorable ! Ô chasseur insensé !
Il ne pressera plus le sein qui l’a bercé ;
Et les blancs lévriers que ses yeux ont vu naître,
Oublieux de sa voix, déchireront leur maître !

Salut, belle Cynthie aux redoutables mains,
Qui, parfois, délaissant les belliqueuses chasses,
Danses aux bords delphiens, mêlée aux jeux des Grâces,
Ô fille du grand Zeus, nourrice des humains !

Et toi, Lètô ! Salut, mère pleine de gloire !
Tu n’auras point brillé d’un éclat illusoire :
Deux illustres enfants entre tous te sont nés.
Par delà les cités, les monts, la mer profonde,
Vénérable Déesse aux destins fortunés,
Ils ont porté ta gloire aux limites du monde.


LE CHŒUR


Ô Reine, ô Niobé, Pythie en proie au Dieu,
Tu te lèves, superbe, et les regards en feu,
Et d’un geste apaisant l’assemblée éperdue,
Vers l’Aède inspiré ta main s’est étendue.
Tu parles ! Ô terreur ! Quels discours insensés
De tes lèvres sans frein tombent à flots pressés ?