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NIOBÉ.

Et, délaissant son char à la cime des cieux,
Il marche environné d’un chœur harmonieux.

Il est jeune, il est fier ! Les brises vagabondes
Glissent avec amour sur ses cheveux dorés ;
Ô Muses ! Et pour vous, de ses lèvres fécondes
Tombent les rhythmes d’or et les chants inspirés ;
Puis, il suspend sa lyre aux temples préférés,
Et plonge étincelant aux écumantes ondes.

Dès qu’aux bords de Délos ses yeux furent ouverts
Un arc d’argent frémit dans ses mains magnanimes ;
Et foulant le sommet des montagnes sublimes,
D’un regard lumineux il baigna l’univers !

Salut ! je te salue, Apollôn, qui, sans cesse,
Sur le Pinde as guidé ma timide jeunesse ;
Daigne inspirer ma voix, Dieu que j’aime, et permets
Que ma lyre et mes chants ne t’offensent jamais.

Et toi, sœur d’Apollôn, ô mâle Chasseresse,
Ô Vierge aux flèches d’or ! Intrépide Déesse,
Tu hantes les sommets battus des sombres vents.
Sous la pluie et la neige et de sang altérée,
Tu poursuis sans repos de ta flèche acérée
Les grands lions couchés au fond des bois mouvants.

Nul n’échappe à tes coups, ô reine d’Ortygie !
La source des forêts lave ta main rougie,