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POÈMES ANTIQUES.

Comme pour nous bénir tes deux bras éclatants ;
Nature, ô vierge-mère, ô nourrice éternelle,
La vie à flots profonds coule de ta mamelle,
Et les Dieux, adorant ta puissante beauté,
Te partagent leur gloire et leur éternité !
Salut, vieil Ouranos, agitateur des mondes,
Qui guides dans l’azur leurs courses vagabondes,
Dieu caché, dieu visible, indomptable et changeant,
Qui ceins les vastes airs de ton vol diligent !
Salut, Zeus, roi du Feu, sous qui le ciel palpite,
Dont le courroux subtil gronde et se précipite !
Ô Zeus au noir sourcil, éclatant voyageur,
Salut, fils de Kronos ! salut, ô Dieu vengeur !


LE CHŒUR.


Il chante. En son repos, la mer aux flots mobiles
D’un concert moins sublime émeut ses bords charmés
Les héros suspendus à ses lèvres habiles
Ont délaissé la coupe et les mets parfumés.
Cédant aux voluptés de leur joie infinie,
Tels, oubliant la terre et l’encens des autels,
Aux accents d’Apollôn, les calmes Immortels
S’abreuvent à longs traits d’une immense harmonie.


L’AÈDE.


Ô race d’Ouranos, ô Titans monstrueux,
Ô rois découronnés par le Dompteur des crimes,
Pleurez et gémissez dans les anciens abîmes,
Du monde aux larges flancs captifs tumultueux !