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NIOBÉ.

Et déroule à longs plis le voile tutélaire
Qui du sombre Notos fait tomber la colère.
Les Nymphes aux beaux yeux, habitantes des eaux,
Ont couronné leurs fronts d’algues et de roseaux,
Et, s’élançant du sein des grottes de Nérée,
Suivent la belle Inô, compagne vénérée.
Pareilles sur les mers à des cygnes neigeux,
Elles nagent! Les flots s’apaisent sous leurs jeux,
Et le puissant soupir des ondes maternelles
Monte par intervalle aux voûtes éternelles.
Tel ton peuple murmure et court de toutes parts!
De joyeuses clameurs ébranlent tes remparts ;
Tes temples animés de marbres prophétiques
Ouvrent aux longs regards leurs radieux portiques ;
Aux pieds des grands autels qu’un sang épais rougit,
Sous le couteau sacré l’hécatombe mugit,
Et vers le ciel propice une brise embaumée
Emporte des trépieds la pieuse fumée.
L’ardent Lykoréen, l’œil mi-clos de sommeil,
De la blonde Thétis touche le sein vermeil.
La Nuit tranquille couvre, en déployant ses ailes,
La terre de Pélops d’ombres universelles.
Les jeux Isménéens, source de nobles prix,
Finissent, et font place aux banquets de Kypris ;
L’olivier cher aux Dieux ceint les fronts héroïques ;
Et tous, avec des chants, vers les remparts lyriques,
Reviennent à grand bruit, comme des flots nombreux,
Par les plaines, les monts et les chemins poudreux.
Leur rumeur les devance, et son écho sonore