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POÈMES ANTIQUES.


PÂRIS.


Résiste-t-on aux Dieux ? malheur à qui les brave !
Vieillard, les feux tombés du char d’or d’Hèlios
N’amollissent jamais le front glacé d’Athos :
Des songes enflammés l’âge froid te protège,
Et plus rien de ton cœur n’échauffera la neige.


DÉMODOCE.


Jeune homme, ils sont aimés des justes Immortels,
Ceux qui vivent en paix sur les bords paternels,
Et, des simples vertus suivant le cours austère,
Calment à ce flot pur la soif qui les altère.
Et toi, ma fille, toi qu’entoura tant d’amour
Depuis l’heure si chère où tu naquis au jour,
Ma fille, entends ma voix ! Mes riantes années
Au souffle des hivers se sont toutes fanées,
J’ai vécu longuement. Je sais le lendemain
Des ivresses d’une heure et du désir humain.
Femme de Ménélas, je te prie et t’adjure :
Souviens-toi d’Athéné qui venge le parjure !


LE CHŒUR DE FEMMES.


Ô fille de Léda, noble Hélène aux pieds blancs,
Nous pressons tes genoux avec nos bras tremblants !


HÈLÈNE.


C’est assez. J’obéis à tes flammes divines,
Éros ! — Emporte-moi sur les ondes marines,