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POÈMES ANTIQUES.

Et, troublant de ces lieux la paix chaste et sereine,
Offensé ton cœur fier et mérité ta haine ;
Mais la seule Aphrodite a dirigé mes pas :
Plains-moi, fille de Zeus, et ne me punis pas !
Plus grande est ta beauté, plus ta présence est douce,
Plus l’auguste respect me dompte et me repousse.
Pardonne ! je retourne en mon lointain pays.
Rebelle aux Immortels, je pars et t’obéis,
Heureux si ta pitié, par delà l’onde amère,
Suit durant un seul jour ma mémoire éphémère.
Fuyons ! Des pleurs amers s’échappent de mes yeux.
Noble Hélène, reçois mes suprêmes adieux ;
Salut, gloire d’Hellas, je t’aime et je t’honore !


HÈLÈNE.


Priamide divin, ton cœur est noble encore.
Sois heureux ! Je rends grâce au généreux dessein
Que ta jeune sagesse a fait naître en ton sein :
Il est digne des Dieux d’où sort ta race antique ;
Et se vaincre soi-même est d’un cœur héroïque !



VI


HÉLÈNE, DÉMODOCE,
Chœur de Femmes.


STROPHE.


          Ô charme du vaste Univers,
Ô terre de Pallas l’invincible Déesse,