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HÉLÈNE.

Ô désir renaissant et doux, coupe de flamme,
Tu verses à la fois tout l’Olympe dans l’âme !


HÈLÈNE.


Heureuse qui peut vivre et peut mourir aux lieux
Où l’aurore première a réjoui ses yeux,
Et qui, de fils nombreux chaste mère entourée,
Laisse au fond de leurs cœurs sa mémoire honorée !
Mais quoi ! ne suis-je plus Hélène ? — Phrygien !
Atride est mon époux, ce palais est le sien…
Fuis ! ne me réponds point. Je le veux, je l’ordonne !…
Mais je ne puis parler, la force m’abandonne,
Mon cœur cesse de battre, et déjà sous mes yeux
Roule le Fleuve noir par qui jurent les Dieux.


LE CHŒUR DE FEMMES.


Ô Zeus, secours au moins ta fille malheureuse !
Ô Pallas-Athéné, Déesse généreuse,
Viens, je t’implore ! Rouvre à la douce clarté
Les yeux mourants d’Hélène. Ô jour, jour détesté,
Jour d’amères douleurs, de larmes, de ruine !
Ô funeste Étranger, vois la fille divine
De Zeus et de Léda ! Remplissez nos remparts
De lamentations, guerriers, enfants, vieillards !…
Hélas ! faut-il qu’Hélène aux pieds d’argent se meure !
Les Dieux, ô fils d’Atrée, ont frappé ta demeure.


PÂRIS.


Noble Hélène, reviens à la vie ! et plains-moi.
J’ai causé ta colère et ton cruel effroi,