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POÈMES ANTIQUES.


HÈLÈNE.


Ils m’en sont tous témoins, Étranger, je te hais !
Ta voix m’est odieuse et ton aspect me blesse.
Ô justes Dieux, grands Dieux ! secourez ma faiblesse !
Je t’implore, ô mon père, ô Zeus ! Ah ! si toujours
J’ai vénéré ton nom de pieuses amours ;
Fidèle à mon époux et vertueuse mère,
Si du culte d’Éros j’ai fui l’ivresse amère ;
Souviens-toi de Léda, toi, son divin amant,
Mon père ! et de mon sein apaise le tourment.
Permets qu’en son palais où Pallas le ramène
Le noble Atride encor puisse être fier d’Hélène,
Ô Zeus, ô mon époux, ô ma fille, ô vertu,
Sans relâche parlez à mon cœur abattu ;
Calmez ce feu secret qui sans cesse m’irrite !
Je hais ce Phrygien, ce prêtre d’Aphrodite,
Cet hôte au cœur perfide, aux discours odieux...
Je le hais ! Mais qu’il parte, et pour jamais… Grands Dieux !
Je l’aime ! C’est en vain que ma bouche le nie,
Je l’aime et me complais dans mon ignominie !


LE CHŒUR DE FEMMES.


Ô Reine, tes douleurs me pénètrent d’effroi !


LE CHŒUR D’HOMMES.


Tu triomphes, Éros, et Pâris avec toi !


LE CHŒUR DE FEMMES.


Éros ! épargne Hélène, ou frappe-moi pour elle.