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HÉLÈNE.


LE CHŒUR DE FEMMES.


Dieux, chassez de nos murs ce funeste Étranger !


PÂRIS.


Hélène aux pieds d’argent, des femmes la plus belle,
Mon cœur est dévoré d’une ardeur immortelle !


HÈLÈNE.


Je ne quitterai point Sparte aux nombreux guerriers,
Ni mon fleuve natal et ses roses lauriers,
Ni les vallons aimés de nos belles campagnes
Où danse et rit encor l’essaim de mes compagnes,
Ni la couche d’Atride et son sacré palais.
Crains de les outrager, Priamide ! fuis-les !
Sur ton large navire, au delà des mers vastes,
Fuis ! et ne trouble pas des jours calmes et chastes.
Heureux encor si Zeus, de ton crime irrité,
Ne venge mon injure et l’hospitalité !
Fuis donc, il en est temps ! Déjà sur l’onde Aigée,
Au mâle appel d’Hellas et d’Hélène outragée,
Le courageux Atride excite ses rameurs :
Regagne ta Phrygie, ou, si tu tardes, meurs !


PÂRIS.


La rose d’Ionie ornera ma trirème,
Et tu seras à moi, noble femme que j’aime !
Les Dieux me l’ont promis ; nous trompent-ils jamais ?